"VIVRE !"
Elles sont toutes les deux à l’IRTS (Institut Régional du Travail Social) de Bordeaux. C’est par le biais de cette école qu’elles ont eu l’opportunité de venir en stage au Pérou dans l’association Mano a Mano. Les filles ont entendu parler au début de l’année de stage à l’étranger. Elles se sont mises d’accord sur le Pérou et ont trouvé l’association.
Capucine et Léopoldine sont arrivés début mai au Pérou pour y passer 2 mois qui promettaient d’être dépaysant.
Capucine : « En sortant de l’aéroport, je me suis dit : "Wahou, c’est une déchetterie ambulante et qu’est-ce qu’ils conduisent mal !" »
Léo : « J’étais super heureuse d’être là ! J’attendais ça depuis longtemps. Je ne m’imaginais pas ça. Tout était marron (on est dans le désert), je n’avais jamais vu ça ! Aujourd’hui je n’ai pas l’impression que les lieux que l’on a vu en arrivant sont les mêmes. »
Capucine et Léo n’étaient pas des volontaires « comme les autres ». Elles étaient ici en stage en lien avec leur étude d’éducateur spécialisé. Ainsi elles ont toutes les deux passés beaucoup de temps à la bibliothèque, à la ludothèque et avec les enfants. Peu de volontaires peuvent aller travailler avec les enfants du quartier. Elles nous racontent leurs activités :
Capucine : « Je m’occupais de préparer les activités avec Mariela (la responsable de la bibliothèque). J’ai fait l’inventaire des jouets, participé aux réunions, préparé l’Inti Raymi (fête du soleil chez les Incas), la fête des mères et celle des pères. J’ai aussi accompagné Nancy (la psychologue de l’association) au tribunal parce qu’une dame devait élever son fils autiste seule et son mari ne payait pas de pension. Suite à cette affaire, nous sommes aussi allées voir le « Defensor del Pueblo ». J’ai aussi participé à une réunion avec les parents des enfants du quartier sur le thème des agressions sexuelles. Quand j’étais à la oficina, je me suis occupée de dossiers et de messages sur les agressions sexuelles, le sport, les lois et le droit des femmes.
J’ai adoré être avec ces femmes. Elles ont toujours la joie de vivre. Si un jour, tu es un peu triste, elles, elles sont toujours heureuses ; ça te rend heureuse aussi ! »

Capucine coupant des carottes pendant le match France-Pérou.
Léo : « J’ai beaucoup fait du jardinage avec Silvia (la responsable de la ludothèque). Elle m’a expliqué beaucoup de choses que je pourrais refaire en France dans le jardin de mes parents. On a aussi l’inventaire des jeux. Ça nous a permis de voir ce que l’association a. J’ai fait de l’aide aux devoirs avec les enfants. Je suis allée avec Nancy au CEM (Centro de Emegencia a la Mujer : centre d’urgence pour la femme) car ça se passait mal avec deux petites filles dans une famille. Une investigation a été demandé.
En dehors de ça, j’ai aussi fait de la vente de pâtisserie. J’aimais me balader dans le quartier et discuter avec les gens. D’habitude je n’aime pas trop la cuisine mais quand j’y étais avec l’équipe, je ne pouvais qu’aimais ça ! »

2 mois ça peut être long à l’autre bout du monde. Mais pour elles, a Mano a Mano, ces quelques semaines sont passées à la vitesse de la lumière. Elles ont beaucoup appris et sont repartis triste de quitter ces femmes avec qui elles ont passés beaucoup de temps mais heureuse d’avoir vécu cette aventure.
Capucine : C’est l’expérience d’une vie ! J’étais appris à être heureuse avec rien. J’étais déjà heureuse en France mais ici j’ai eu un déclic. Ces femmes ont toutes un parcours horrible mais tu ne peux pas le deviner ; elles ont toujours le sourire.
Je veux refaire ça tous les ans, c’est le but de ma vie ! Je repartirais, c’est sûr. »
Léo : « Ça m’a changé d’une certaine manière. Ça m’a confirmé dans ce que je veux faire. Je compte bien partir après mon diplôme. Aujourd’hui, j’ai plus de certitude dans mon avenir. J’ai grandi et muri pendant cette expérience. Ça te change ta manière d’être, de voir les choses. Les femmes de l’association font toute la différence ; elles sont pétillantes, gentilles, ouvertes. L’association est un lieu rassurant où j’ai aimé être.
J’aimerais voir un peu l’Afrique mais je suis tombé amoureuse du Pérou donc je repartirais d’abord en Amérique du Sud. »
Comment conclure un tel voyage, une telle aventure, une expérience aussi dépaysante qu’incroyable ?
Léopoldine : « Au Pérou, tout est possible ! »
Capucine : « Ici, tu ne te prends pas la tête. L’important c’est juste, vivre ! Merci ! »
Léopoldine et Capucine
Capucine et Léopoldine devant la oficina avant le départ.
Massodah, Marie-Amélie, Clémence, Thomas, Pierre et Antoine
Clémence, Pierre, Massodah, Thomas, Marie-Amelie et Antoine sont tous les 6 en 2ème année de Bachelor à l’école de commerce l’EM de Strasbourg. Ils ont mené un projet sur 1 an qui a consisté à trouver l’idée (partir dans l’association Mano a Mano pendant 3 semaines) et gérer la réalisation. Pour récolter l’argent nécessaire et partir au Pérou, ils ont réalisé des actions tels que des petits déjeuners dans leur école, des évènements (comme une vente de roses le jour de la St Valentin), des ventes de gâteaux etc. Ils ont eu aussi le soutien d’entreprises. « En décembre, on n’y croyait plus, jusqu’à un gros chèque d’une entreprise » nous dit Marie-Amelie (Mélie). Ils auront récolté 7000€ sur 7 mois (de septembre à avril).
Premières impressions :
Massodah : « On est arrivés dans un autre monde ! C’était dépaysant. Beaucoup de bâtiments n’étaient pas peints. »
Melie : « Dés la sortie de l’aéroport les taxis te sautent dessus. »
Thomas : « La circulation et la façon de conduire des péruviens m’ont un peu choqué. Il y a beaucoup de pollution à Lima et beaucoup de poussière. Avec les péruviens, on a l’impression d’être un portefeuille sur pattes. Mais à l’association on a tout de suite eu un sentiment de sécurité. »
Clémence : « On ne savait pas où on allait. Mais finalement, c’était mieux que ce que je m’étais imaginée. Le cadre de l’asso est super et les volontaires accueillants. »
Pierre : « Quand on est sorti de l’aéroport on a bien vu que c’était un pays pauvre. Mais l’ambiance est vraiment cool ! »
Antoine : « Un lieu convivial ! »
Activités ou moment favori ?
Thomas : « Les livraisons des commandes. Mais aussi, parler avec les péruviens pendant le travail. »
Pierre : « le chantier. Quand on travaillait avec les femmes constructrices. On se rend compte que c’est un métier dur mais malgré tout, il y a beaucoup de convivialité et pas de prises de têtes. »
Mélie : « Les livraisons parce qu’on voit autre chose, on va dans d’autres endroits. »
Clémence : « On a l’impression d’être utile et ça fait plaisir d’aider. »
Antoine : « Le chantier. Notre volonté d’aider est décuplé et tout ça dans la bonne humeur. »
Massodah : « La pâtisserie ; c’est convivial, on apprend les recettes. C’est enrichissant, agréable et tu te sens utile. »
Qu’est-ce qu’ils en retirent ?
Massodah : « On a appris à vivre en communauté. Maintenant on a un vrai esprit de groupe, comme une équipe. Tout le monde devrait faire une expérience comme ça au moins une fois dans sa vie. On apprend beaucoup, ça fait grandir. C’était inoubliable ! »
Melie : « On prend du recul sur pleins de trucs. Ça fait une pause dans ta vie. Les gens étaient vraiment gentils, avenants. Et puis on a appris à vivre non-stop avec les mêmes personnes.
Clémence : « En France, je ne faisais rien ; pas la cuisine, ni la vaisselle. Mais ici je le fais et avec bon cœur. On change parce que l’on voit qu’ici les gens sont dans des situations plus difficiles que chez nous. C’était une super expérience ! »
Thomas : « J’étais comme Clémence en France, je ne faisais rien. J’étais un peu malheureux dans mon quotidien, je me posais des questions sur mes études, est ce que j’y avais ma place ? Le Pérou m’a un peu soigné. Je relativise sur pleins de choses ; je suis heureux de pouvoir faire des études et j’ai envie d’aller jusqu’au bout ! Pourquoi pas travailler dans l’humanitaire.
J’ai pris du recul par rapport au point de vue des français. Ici les gens sont heureux alors qu’ils travaillent énormément. Les femmes constructrices surtout sont impressionnantes. »
Pierre : « On remet les choses en perspective. J’étais comme Thomas. Ici j’ai appris que c’était bien de faire des études. J’ai vécu des belles expériences et des belles rencontres. Les gens sont ouverts. Ça m’a remis un coup de boost. Je vais me bouger quand je vais rentrer en pensant à eux. »
Antoine : « J’étais trop centré sur moi-même. Maintenant je suis plus ouvert au monde. J’ai appris à vivre en communauté et ça n’a pas été toujours facile. Le monde ici, est différent de celui en France, ce n’est pas le même quotidien. On est comme coupé du monde. On se rend compte que c’est une chance pour nous d’avoir vécu ça, ce n’est pas donné à tout le monde. En France on se plaint beaucoup trop ; « Moins on se plaint, mieux on se porte » (cette phrase fut accrochée au frigo à l’arrivée du groupe et fut comme le fil rouge du séjour). C’est un super souvenir. A mon retour en France, je vais prendre davantage de temps pour moi et profiter de la vie. »
A refaire ?
Massodah : Oui mais dans un pays plus pauvre. J’aimerais participais à un projet en Tanzanie sur l’émancipation des femmes. »
Mélie : Oui mais avec des enfants, dans le social. »
Thomas : « Oui. Dans le médicale avec des problèmes nutritionnels.
Clémence : Oui dans des conditions plus difficiles. »
Pierre : « Oui, en service civique. Pourquoi en Amérique du Sud et en même temps repasser à l’association revoir les filles. »
Antoine : « Dans un autre pays oui. En Afrique surement. »
Conclusion ?
Clémence, Thomas, Mélie : « Arriva Perú ! » ("Debout Pérou, Allez Pérou" : la phrase du mondial)
« Moins on se plaint et mieux on se porte »

Pierre, Thomas et Victor avec les femmes constructrices et Pablo

Capucine (une autre volontaire), Clémence et Massodah pendant la vente de pâtisseries.
"Ma façon de voir le monde a changé"
Delphine, Roxane, Clara et Yaël
Comment êtes-vous arrivés ici ? Comment avez-vous connu l’association ?
« Nous sommes en 2ème année en faculté de finance banque et comptabilité à Lille. Via ce parcours on a dû monter un projet solidaire à l’international par groupe de 4 à 6. Nous avons envoyé un mail à France Volontaire avec le type de projets que nous voulions et les pays que nous ciblions. France Volontaire nous alors renvoyé une liste de plusieurs associations que nous avons toutes contacté. Mano a Mano ont été les premiers à nous répondre. »
Comment avez-vous créé ce projet ?
« Nous avons d’abord créé et déclaré notre association « Care and Share » (lien de leur page facebook: https://www.facebook.com/carandshare/). Pour financer notre projet nous avons réalisé plusieurs actions comme une tombola. Nous voulions avec ces actions arrivées à tout financer sans utiliser notre argent personnel. Nous avons aussi reçu des dons d’entreprises. Au total nous avons récolté 3800 euros et n’avons presque pas touché à notre argent personnel. »
Qu’elles ont été vos premières impressions au Pérou ?
Delphine : « Ce qui m’a le plus choqué en arrivant ont été les déchets et la chaleur. »
Clara : « La conduite au Pérou c’est n’importe quoi et c’est le bordel dans la rue. »
Yaël : « C’est la circulation qui m’a le plus impressionné ! On a l’impression d’être dans un autre monde. Je pensais que tout le Pérou était comme Comas, le quartier de l’association mais après j’ai découvert Miraflores et j’ai eu un retour à la réalité ; ce quartier est très européanisé. Finalement, je préfère la mentalité d’ici mais le confort de la France.»
Qu’elles ont été vos premières impressions à l’association ?
Delphine : « On fait pleins d’activités différentes et il y a beaucoup de personnes. »
Roxane : « Pendant mes premières activités, j’étais toute seule avec les péruviennes de l’association, ça m’a permis de ne pas me renfermer sur moi-même et de travailler en espagnol. »
Clara : « Ça s’est passé comme ce que je m’attendais : les filles sont toutes gentilles, ont parlent avec elles et il y a une bonne ambiance. »
Qu’elles ont été vos activités préférées et pourquoi ?
Clara : « La pâtisserie parce que ce n’est pas fatiguant mais c’est concret ; tu as l’impression d’avoir fait quelque chose. »
Delphine et Roxane : « Le travail avec les femmes constructrices est vraiment intéressant, ces femmes sont vraiment fortes ! On ne pourrait pas suivre leur rythme au quotidien. Ce qu’elles font, te fais vraiment réfléchir. Ce sont des personnes face à qui tu ne peux pas te plaindre. C’est un travail fatiguant mais satisfaisant. »
Yaël : « La pâtisserie ; c’est concret, direct. On fait la vente dans l’après-midi. On se sent utile. »
Qu’est ce que vous retirez de cette expérience ?
Delphine : « Je pense que je suis plus ouverte avec les gens. »
Roxane : « J’ai découvert deux mondes totalement opposés : Comas, le quartier de l’association et quelques kilomètres plus loin, Miraflores, le quartier des touristes de Lima. »
Clara : « J’ai réalisé que l’on ai bien en France. C’est triste de voir tout cette misère mais voir toutes ces personnes qui viennent aider ça redonne de l’espoir ! »
Yaël : « On travaille 46h par semaine. Les femmes de l’association travaillent encore plus et n’ont pas beaucoup de congés. J’ai réalisé qu’il fallait que j’arrête de râler et que ça ne servait à rien de se prendre la tête. Je n’étais jamais sorti de l’Europe et ici j’ai découvert un autre monde. »
Seriez vous prêts à refaire une expérience comme celle-là et comment ?
Delphine : « Oui. Je pense que j’irais voir ailleurs, découvrir une autre culture. »
Roxane : « Oui, c’est un bon moyen de découvrir une culture et sans touristes. Tu ne peux pas voir tout ce que nous avons vu en tant que simple touriste. »
Clara : « Je n’irais pas dans des associations françaises pour pouvoir rencontrer des volontaires internationaux. J’aimerais aussi travailler avec des enfants, avoir plus de contact avec les personnes de la communauté et le faire dans un autre pays. »
Yaël : « Le refaire, oui ! Un peu pareil ; en contact avec les personnes que l’on aide, en lien avec elles et à l’international. »
Un dernier mot sur cette expérience ?
Delphine : « Je souhaite à tout le monde de faire ça dans sa vie, c’est très enrichissant. »
Roxane : « Les voyages forment la jeunesse ! »
Clara : « Je conseille ça aux gens, ça permet de faire évoluer un individu. »
Yaël : « J’ai fait des rencontres extraordinaires, notamment avec les femmes constructrices. Ce n’est pas tous les jours que tu vois des femmes travailler 46h dans le cagnard à taper de la pierre. En France quand je travaillais 35h, je trouvais ça trop. En plus, ces femmes ont le sourire tout le temps. Si des français avait les mêmes conditions de travail, personne ne sourirait. En arrivant ici, ma façon de voir le monde a changé. J’espère garder tout ce que j’ai vu ici en tête. »


De gauche à droite : Roxane, Yaël, Delphine et Clara sur le toît de l'association
Roxane avec les femmes constructrices et Jorge sur le chantier
"J'ai besoin de communication et d'être sur le terrain."
Marie
Marie a 23 ans et est venue dans à Mano a Mano pendant 3 semaines en février. Elle est en licence 3 d'architecture sur Paris et a profité de ces vacances scolaires pour venir faire du volontariat au Pérou.
« J'ai connu l'association par plusieurs biais. Ma mère fait partie du Rotary Club de Mortagne (dans l'Orne en Normandie) qui finance l'association. Et ma tante connaît Sylvie et était déjà venu à Mano a Mano au Pérou. » Avant de se décider à partir au Pérou, Marie voulait faire de l'humanitaire en Afrique mais comme elle le dit « C'est dur à trouver. Je voulais surtout faire de l'humanitaire dans la construction (comme je suis en étude d'architecture) et mettre mon temps de vacances a contribution. J'ai donc envoyé un mail a Sylvie qui m'a directement envoyé plein de papiers de renseignement dont une feuille de subvention pour mon voyage. Je me suis dit qu'elle avait l'habitude de recevoir des volontaires et ça m'a tout de suite rassurée. »
Marie voyage beaucoup. Elle a déjà passé un an à Taïwan et est allée faire un tour dans une vingtaine de pays. Pour subventionner tout ça, elle travaille tous les été et met de côté le reste de l'année. « Je vis avec 270 € par mois sans le loyer. Je galère mais je ne touche pas à l'argent de côté. En plus de cela, je gagne aussi un peu d'argent la semaine en donnant des cours d'informatique à une architecte. »
Elle est arrivée à Lima le 11 février et nous fait part de ses premières impressions : « Ce qui m'a le plus interpellé en arrivant ici, c'est toutes ces maisons pas terminé. J'ai pas compris. Aujourd’hui je sais que c'est pour ne pas payer d'impôt en plus. Ici plus tu as d'étage, plus tu payes d'impôts. Donc les Péruviens ne finissent pas le dernier étage. Il y a aussi des poubelles partout. J'ai déjà voyagé en Amérique du Sud (Colombie et Brésil) et le Pérou et le pays le plus pauvre que j'ai vu jusqu’à présent, »
Marie nous raconte ensuite son expérience à Mano a Mano : « Ce qui est super ici, c'est que c'est varié ! Le planning change toutes les semaines, c'est agréable et pas redondant. Ma mission principale est de collecter des données sur l'eau et l’électricité à différentes échelles (le Pérou, la ville, le quartier et l'association) de manière à informer les habitant du quartier sur les approvisionnements et les actions qui peuvent être faites au quotidien (faire attention à sa consommation…). Je fais aussi comme tous les autres volontaires ; de la vente de pâtisserie, je vais travailler avec les femmes constructrices sur le terrain et des fois j'ai des missions auxquelles je ne m'attends pas. Comme la semaine dernière où j'étais chargée de trouver un bus avec Socorro pour la sortie des vacances utiles. J'aime tous les jours ici mais spécialement ceux où je suis au contact des gens de l'association, où je peux parler espagnol. J'ai besoin de communication et d'être sur le terrain. »

Marie sur le chantier avec les femmes constructrices
« J'ai trouvé que l'on a une évolution très rapide dans l'association. Là je vais commencer à montrer des choses aux nouveaux ! On se forge vite des repaires. Ce que j'ai trouvé génial aussi, c'est la formidable entente avec les autres volontaires de la maison. Il y a une cohésion de groupe entre tous. Je ne m'y attendais pas en arrivant. Même pour les week end, on les passe ensemble, on se sert les coudes. C'est vraiment un soutien ! Sur place, il y a d'abord la rencontre des gens de l'association mais aussi la rencontre avec autres volontaires. Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de profil différents réunis dans la même maison. Ce qui est juste dommage c'est qu'il n'y a pas d'autres profils que des français. Cela pourrait être encore plus enrichissant !»
« La vie péruvienne n'est pas facile. Le rythme est rapide, il y a toujours des choses à faire, les gens travaillent tout le temps mais malgré tout, il y a une bonne entente et les personnes sont très à l'écoute et font en sorte que tu te sentes bien (surtout à l'intérieur de l'association). »
Pour Marie le voyage c'est « un développement personnel qui est important à faire pour la jeunesse. C'est aujourd’hui que je me construis et j'aimerais acquérir à travers mes voyages un apport de connaissance et rencontrer d'autres manières de vivre pour changer ma manière de voir les choses. »
En rentrant en France, Marie a décidé d'intégrer son volontariat et expérience à Mano a Mano dans son rapport de licence 3. Elle souhaite questionner l'espace publique mis en place par l'association. L'histoire pour elle, ne se termine pas en quittant le Pérou, elle se poursuit sous d'autres forme !
"Je ne retourne plus là-bas !"
Massi
"Je m'appelle Massi, je viens d'Algérie."
C'est la deuxième fois que Massi venait à la Cimade quand nous l'avons rencontré. Massi (comme beaucoup d'autres qui viennent ici) n'a pas une situation régulière. Il a fait une demande de papier. Aujourd’hui il est venu avec un contrat de travail et espère que cette situation va s'améliorer.
Massi est né en Algérie et plus précisément dans la région de la Kabylie. Il est parti de son pays à cause de la religion qui embrigade trop le peuple. "Si tu manges un sandwich pendant le carême, tu peux faire 5 ans de prison." Massi nous donne alors son avis sur la religion : "La religion c'est personnel, mon frère est musulman, on mange ensemble, il y a pas de soucis. Moi je n'ai pas de religion. Chacun fait ce qu'il veut, il est libre" . Il nous raconte qu'il y a quelques années, des « hommes blancs » sont venus aider les populations, ils étaient 9. Ils se sont tous fait tuer parce qu'ils n'étaient pas musulmans. "Je ne retourne plus là-bas ! C'est comme si j'allais en prison.". "Dieu merci que je ne suis pas musulman. "
"J'ai reçu une balle un jour pendant une manifestation. C'était une longue marche pour libérer un homme ayant mangé durant le « carême ». J'ai rien senti sur le coup, juste la brûlure et la peur. Il fallait coûte que coûte que je quitte ce pays !" Massi nous parle aussi d'une personne, Matoub Lounès, qui compte énormément pour lui et avec qui il pourrait "échanger ma vie, parce que la sienne est plus importante que la mienne. Il fait a fait beaucoup de choses pour la liberté." Matoub Lounès est un chanteur kabil qui a revendiqué la liberté à travers ses chansons. Il a été tué en 1998. "Pour moi, c'est plus qu'un prophète !"
Il nous raconte son passage de son pays à la France : "Je suis allé ailleurs trouver la paix. Si vous n'êtes pas bien quelque part, vous faites vos bagages et vous partez trouver la liberté." Massi nous dit quand même être "fière de son origine ."
Massi a fait une demande de visa et est arrivé en France il y a maintenant 5 ans. Ses parents y étaient déjà depuis longtemps. Il a passé trois ans à Paris et deux ans à Alençon (là où habitent ses parents). "A Paris, j'ai passé des nuits dans les bouches de métro, j'ai beaucoup bougé." Massi nous avoue qu'il serait prêt à "abandonner ma nationalité.". "On ne peut pas dire que la France n'est pas un bon pays ; c'est un bon pays. Pays de la liberté, merci de m'avoir amené jusqu’ici !"
Dady
"Je m'appelle Dady, je viens de République démocratique du Congo."
Cela fait 1 an que Dady est arrivé en France. Il est à Alençon dans l'Orne depuis janvier 2017. Il a quitté le Congo parce que la politique ne donne aucun droits aux jeunes (pas le droit de manifester, de revendiquer ses opinions).
En 2016, a eu lieu une manifestation "autorisée" contre le président et la politique en place. Mais la police bafoue les droits et est arrivé avec les gaz lacrymogènes "On se protégeait les yeux avec de la margarine, il y avait pas de soucis, on continuait à marcher". Puis ils ont tiré à bout portant sur les manifestants. "J'ai fait demi tour et j'ai vu un jeune qui avait été touché par balle et qui saigné. Je l'ai pris avec moi". Quelques instants après ils se sont fait rattraper. "J'ai du lâcher le jeune et je me suis fais tabasser et emmené. Le jeune est mort, il y avait des gens sans vies partout." Dady s'est fait incarcérer comme beaucoup d'autres gens avec lui. Il est resté dans cette prison pendant 3 jours, sans rien à manger ni à boire. On déshabillait les prisonniers, "il y avait des excréments et de la pisse partout. Tu bouges pas, il a pas de place." Le troisième jour, un colonel est venu le voir pour lui demander son nom, d'où il venait. Ce colonel connaissait le père de Dady (il avait été militaire). "Il m'a dit "Si tu restes là tu vas mourir, on ne revoit pas les gens qui sont incarcérés ici, je connaissais ton père, il était brave donc je vais t'aider" ils m'ont tabassé et mis dans le coffre d'une jeep. Si le colonel m'avait laissé partir comme ça il aurait eu des problèmes." Le colonel a appelé l'oncle de Dady qui est venu et l'a caché à Kinshasa. "Un passeur m'a trouvé un visa et m'a emmené avec d'autre prendre un avion à 4h du mat', il m'a dit : "N'ai pas peur, tu vas sortir", on est arrivé à Orly à 15h". Le passeur leur a alors dit d'aller chercher le centre Sophie à Alençon. Ils étaient trois à partir dans l'Orne, (les deux autres sont finalement retournés à Paris). "J'avais rien sur moi". Quand il est arrivé à Alençon, Dady a appris que le centre été fermé depuis longtemps. "J'étais abandonné ici, je dormais dans la rue." Il a dormi deux semaines dehors en plein hiver. "J'étais malade. Aujourd'hui je suis suivi par un psychiatre à cause du traitement que j'ai reçu". "Un jour j'ai rencontré un homme qui parlait ma langue, je l'ai supplié de m'héberger un peu". Il est resté un mois chez cet homme.
Dady a fait une demande d'asile en mars et a rencontré d'autres migrants qui lui ont conseillé de venir à la Cimade. "Je viens à la Cimade tous les mercredi depuis avril."

Depuis qu'il est en France, il a beaucoup bougé, "j'étais en coloc mais maintenant je cherche encore". "J'aime bouger, voir des choses mais là je suis bloqué ici." Dady n'a pas de travail. Quand il était au Congo, il était informaticien et tenait une petite entreprise d'informatique, "je vivais bien". "Aujourd'hui, je suis bénévole au secours populaire, j'aide les gens. je fais des distributions de colis, je vais chercher des dons, ça me plaît." Il nous décrit son expérience au secours populaire : "Moi j'ai été aidé, je veux donner ce qu'on m'a donné. J'ai vu leur douleur, je suis le mieux placé pour comprendre leur douleur. J'essaie de positiver, faut être positif !"
Sa demande d'asile est toujours en procédure. Il doit attendre que l'avocat l'appelle, il peut attendre plusieurs semaines. Il a en ce moment un récipissé de 9 mois, renouvelable en décembre pour 6 mois. "Avant tu dépendais de personne, maintenant tu commences à dépendre de la France. J'aimerais donner ce que mon pays ne m'a pas donné, je veux donner ma jeunesse à la France".